Philadelphie a été notre première ville d’étude. Ici un petit aperçu des structures que nous avons pu visiter.
Bartram’s Garden
Quelles différences entre un jardin et une ferme?
Le Bartram’s Garden inaugure notre série de visite de jardin, c’est l’un des plus grands et les plus connus de Philadelphie. Il s’agit à la fois d’un ‘Community Garden‘ et d’une ‘Urban Farm‘. Cette nuance qui est faite par les Etats-Uniens est un peu floue et même les experts semblent parfois s’y embrouiller. Alors voilà ce qu’on en dit:
- Les ‘Community Gardens‘, ou jardins partagés, sont comparables à nos jardins ouvriers. En échange d’une contre partie financière (ou non), des particuliers sont autorisés à prendre possession d’un petit carré de terre qu’ils peuvent alors cultiver à leur guise pour leur propre consommation. Le propriétaire de la terre – ville, association, particulier – s’engage alors souvent à fournir eau, compost, outils, etc.
- On les distingue des ‘Urban Farms‘, qui ne possèdent que très peu -voire pas- d’équivalent européen. Certains font la distinction par la taille, mais ça nous semble un peu étrange compte-tenu de ce qu’on a pu voir. Sans compter que ça ‘déclasserait’ certaines exploitations agricoles rurales au rang de jardins. D’autres préfèrent attribuer à la ferme l’adjectif de commercial: on fait travailler un certain nombre de gens sur la parcelle et on vend ce que l’on produit. Ce qui ne veut pas dire qu’on fait ça pour le profit: on peut très bien imaginer une organisation à but non lucratif faire travailler des volontaires et vendre des légumes pour couvrir ses frais de fonctionnement. On peut également se dire que l’attribut de la ferme est la distribution -même gratuite- de la production. Une ferme serait donc une entité productrice qui prévoirait de distribuer ses produits: le fermier et le consommateur ne sont pas la même personne.
Les US à l’heure des tickets de rationnement
Dans le cas du Bartram’s Garden, la production de la ferme est vendue à la population du quartier contre des ‘Food Stamps‘, donc des bons de l’Etat à échanger contre de la nourriture. Ouais, ouais, comme dans les dictatures communistes. Aux USA. Oui, oui. Nous non plus, on savait pas que ça existait, mais l’Etat cède aux familles dans le besoin des dollars qu’ils ne peuvent utiliser que pour acheter de la nourriture « saine« . En pratique, d’après ce qu’on nous dit, ça triche pas mal et le dollar de Food Stamp se négocie à 50 cents, si jamais vous êtes intéressés.
Farm 51
La Farm 51 tient son som de la rue dans laquelle elle se trouve: 51st street. Cet ilôt d’élevage et de maraichage urbain est un bel exemple de réappropriation de la terre par les habitants. En 2008, Andrew Olson, horticulteur de formation décide de rassembler quelques amis volontaires afin de réhabiliter un terrain vacant de son quartier, comme il en existe des centaines dans Philadelphie.
Andrew Olson élève des poules au milieu de la ville pour leurs œufs et leur viande.
La mairie de Philadelphie absente des débats?
« Nous n’avons aucune structure propre, pas d’employé et ne possédons même pas le terrain. La ville nous laisse simplement exploiter la terre […] Je crois que notre objectif de base, c’était simplement de sensibiliser les jeunes du quartier et de participer à réduire l’insécurité alimentaire tant qu’on le pouvait.«
La Farm 51 se situe en effet dans l’ouest de Philadelphie, un quartier plutôt pauvre dans lequel on retrouve également beaucoup de cas d’obésité ou de diabète, liés à une mauvaise alimentation. Les quelques volontaires qui se succèdent aux côtés d’Andrew Olson sont là pour apporter leur touche à ce magnifique bout de ferme coincé entre deux bâtiments.
Une autre réflexion que ce jardin (et les autres) nous fait faire, c’est que la mairie de Philadelphie ne semble que très peu impliquée dans ce fourmillement d’agriculture urbaine. Alors même si depuis on a retrouvé des bribes d’articles un peu vieux concernant un changement des politiques liées aux jardins urbains, on s’étonne tout de même que personne ne soit capable de nous répondre.
Brewerytown’s Garden (Ex Marathon Farm)
Le Brewerytown’s garden est un jardin communautaire du nord de Philadelphie qui ne nous intéresse pas tant pour ce qu’il est maintenant que pour ce qu’il a été dans les dernières années.
Le mystère de l’échec des restaurants Marathon
Nous nous sommes dirigés vers le quartier de Brewerytown en espérant trouver Marathon’s farm, une ferme exploitée par une chaîne de restaurants locale afin de répondre à l’exigence de produits frais de ses clients. En arrivant sur place, plus aucun signe de Marathon. Nous nous retrouvons face à un jardin communautaire du nom de Brewerytown’s Garden. « Marathon? Ca me dit quelque chose mais je crois que ça fait bien longtemps que c’est fini! », nous dit-on.
En discutant avec les jardiniers présents sur place, nous finissons par reconstituer l’histoire…
En 2010, les deux frères propriétaires de la chaine de restaurants Marathon décident d’essayer de fournir leurs deux restaurants via des partenariats avec des fermes urbaines. Ils se décident alors à exploiter un terrain vacant de 5000 m² eux-même et fondent ainsi la Marathon Farm. L’affaire est alors lancée, un jardinier est embauché pour travailler sur la ferme. Nous avons pu le rencontrer : « Ca a bien marché pendant quelques mois, mais après un an, je commençais à ne plus recevoir ni de matériel, ni de compost, ni de graines. Les frères sont venus de moins en moins à la ferme et progressivement, ils se sont mis à ne plus me payer. Du coup j’ai arrêté de travailler. C’est tout ce que je sais. », nous explique-t-il.
La gestion des restaurants semblerait avoir battu de l’aile aux alentours de 2011 après que la mère des deux propriétaires ait été intégrée à la société. Ils se seraient ensuite « progressivement désintéressés » de leur propre projet.
Il nous est pour l’instant un peu difficile de démêler le vrai du faux dans cette histoire ou tout le monde n’ose pas trop parler, mais nous avons obtenu des numéros de responsables et nous vous tiendrons au courant de notre enquête!
La renaissance en 2014
En 2014, après 2 années d’abandon de l’espace cultivable, la communauté reprend la main et fonde le Brewerytown’s garden, un jardin communautaire magnifique ou semble régner la bonne humeur d’après ce qu’on en a vu. Chaque volontaire, au prix d’une contrepartie annuelle, dispose d’un petit carré de jardins qu’il peut cultiver à sa guise. Tous les surplus produits sont redistribués dans le quartier via la caserne de pompiers toute proche.
Greensgrow
Greensgrow est un exemple plutôt impressionnant de ce que peut devenir une ferme commerciale bien installée. L’aventure de Mary, sa fondatrice, commence en 1994 avec l’installation d’une ferme hydroponique dans le nord de Philadelphie. Petit à petit, elle se rend compte que pour se développer, elle doit se diversifier. Elle met alors en place une production de fleurs puis une nurserie. Elle est aujourd’hui à la tête de 14 employés et quand on lui demande si sa ferme est rentable elle répond juste « bien sûr« .
Le business avant le social
Savoir gérer son business avant d’essayer d’aider le communauté, c’est la devise de Mary. « Je pense que l’un des problèmes des fermes urbaines aujourd’hui, c’est de vouloir faire tout en même temps. Je considère qu’avoir un business qui tient la route est un prérequis indispensable si l’on veut être capable de gérer des programmes à visée social« .
C’est donc après avoir réussi à s’établir sur le marché que Greensgrow s’est décidé à s’orienter vers le « community building ».
Greensgrow aujourd’hui, c’est donc à la fois:
- Une ferme qui produit des légumes tout au long de l’année pour les restaurants de Philadelphie;
- Une nurserie commerciale destinée aux particuliers;
- Un marché fermier hebdomadaire de type AMAP en partenariat avec les fermiers aux alentours de Philadelphie;
- Des programmes pédagogiques à destination du grand public sur le jardinage et la cuisine de produits frais.
Le plus étonnant dans tout ça, c’est que ça n’a pas eu l’air difficile de s’installer en tant que ferme rentable à part entière. Mary ne semble pas comprendre pourquoi elle est la seule à réussir et serait curieuse d’entendre parler d’autres fermes qui réussissent aussi bien qu’elle. Ça tombe bien, c’est justement pour répondre à ce genre de questions qu’on est là, et on espère que la suite du voyage nous donnera d’autres exemples aussi concluants!
C’est très intéressant.Merci pour toutes ses explications
Bizzzz
Vive les States, c est passionant!
Salut les gars,
Alors vous êtes passé voir Charlie Miller, le maitre des toitures vertes… et très probablement des toitures comestibles?
Bon road trip! Je serais probablement aux US et au Canada cet été. Peut-être nous croiserons-nous..
Salut !
On a contacté M. Miller suite au contact que tu nous avais passé, mais on pense qu’il était vraiment très occupé et il n’a pas eu le temps de nous répondre dans le laps de temps où on était à Philly. Mais bon comme tu peux le voir on n’a pas eu le temps de s’ennuyer =)
A bientôt,
Clément & Maximilien
Ꮋeat a little ollive oill iin a non-stіck pan.