Chères bâtisseuses, chers bâtisseurs,
Ici les studios d’AgroParisTelévision, en duplex avec Nelson Monfort pour suivre l’ultime étape de montagne de ce Tour d’Asie du Sud-Est 2019 :
(A lire avec la voix de Nelson donc, autant que faire se peut…)
« EEEEEEffectivement Thierry quelle course d’ANTHO-LO-GIE ! Alors je peux vous dire qu’il fait chaud, très chaud sur la route, on avoisine les 45° à midi et les coureurs attaquent seulement l’ascension du mythique Col des Nuages séparant Da Nang de Hué.
Toutes les équipes ont été distancées par l’impressionnante Team Agrovélocity qui tourne à 25 km/h de moyenne.
Son puncheur leader Guilhem Froome imprime un rythme d’enfer, son dérailleur plateau rouillé par la mousson l’oblige à monter en troisième plateau sans en changer ! C’est insoutenable même pour ses coéquipiers, alors en vitesse 1 plateau 1 !
ATTAAAAAQUE du baroudeur Arthur Virenque à droite de la route, il veut sauver l’honneur et le voici à trainer son VTT dans les 14% de cette ascension de 10km pour 600m de dénivelés positifs !
Derrière, les rouleurs Hugo Mercx et Arthur Anquetil ont d’autres ambitions que celle de former le gruppetto, ils partent en contre à leurs tours ! Quelle puissance développée, on avoisine les 430 watts !
Le public vietnamien est en délire sur le bas-côté… et sur la route ! Les camions de cochons et les scooters klaxonnent pour accompagner l’ascension du maillot jaune qui va s’imposer dans les fumigènes des pots d’échappements.
Le tour est joué. Les dernières étapes ne seront qu’une formalité ! Ici Hué, à vous Paris. »
Et c’est ainsi, que dans une foule de scooters en délire, nous finissons une semaine plus tard à Hanoï, le 18 juin à 15h37, notre Tour d’Asie du Sud-Est avec plus de 3500km au compteur.
3500 km ? C’est un bien grand nombre qui masque presque la réalité de nos 25 étapes, des 5 crevaisons, des 547 bouteilles d’eau consommées pour autant de litres transpirés, des 4 chutes, des 9 pots de baume du tigre, des 124 Coca de la survie, des 87936 coups de klaxons dans les oreilles, des 223 podcasts écoutés dont 129 d’Arthur C. sur l’histoire de la Mongolie, des 1200h de sommeil de retard de Guilhem, des 40° de moyenne, des 5 pluies diluviennes, des innombrables « hello » des spectateurs sur le bord de la route, des 150 coups d’œil quotidiens d’Arthur G. en direction de son compteur pour espérer avoir fait un kilomètre de plus, des 14 chaussettes perdues, des 57 kilos de riz pour le repas du midi, des 6545 changements de vitesse ou encore des 18 coups de soleil dont 17 pour le seul Hugo…
Nous sommes fiers de cette épopée sportive, d’avoir réussi notre défi, nous qui aimions si peu la bicyclette autrement que devant le Tour de France confortablement assis au fond du canapé.
Depuis ce 28 mars à Décathlon Bangkok et ce mariage avec 15 kilos d’aluminium et de caoutchouc, pour le meilleur et pour le pire, nous avons vécu une formidable lune de miel au milieu des incroyables paysages de l’Asie du Sud-Est.
Au programme de ces deux dernières semaines, il y a d’abord eu la Baie d’Halong terrestre à Ninh Binh, une merveille de la nature. Conséquence de l’érosion de la roche principalement carbonatée, la chaîne de montagne est aujourd’hui morcelée en de nombreux îlots karstiques au travers desquels serpentent des rizières, des canaux et autres villages campagnards. L’ensemble est somptueux et d’autant plus appréciable lors d’une balade en barque au coucher du soleil.
La Baie d’Halong maritime est elle aussi digne de sa réputation, démesurément belle. Sur plus de 3000km² s’étend le même genre de paysage qu’à Ninh Binh, à la notable exception que nous sommes en pleine mer ! En bateau, en kayak, en nageant et même en grimpant sans assurance sur la roche (Deep water soloing) , tous les moyens furent bons pour imprimer à jamais cette carte postale dans nos mémoires. Avec plus de 2 millions de visiteurs annuels, des complexes hôteliers grignotant les plages bondées et des téléphériques en construction pour relier les îles entre elles, il ne faut plus tarder !
Enfin, au terme d’une ultime étape de 100km avalée en seulement 4h, le charme d’Hanoï s’est offert à nous. Sur les bases de la citadelle rénovée par l’empereur Gia Long selon des plans inspirés par Vauban, le pouvoir colonial français a suivi un projet de ville-jardin pour faire d’Hanoï la capitale moderne de l’Indochine française en 1902. Grâce à la part belle faîte aux lacs et aux arbres en centre-ville, il fait bon déambuler sous 40° dans les rues ou sur les ponts signés Eiffel à la recherche d’une veste douteusement manufacturée… D’un point du vue architectural, historique et sanitaire, la capitale Viet est notre coup de cœur urbain en Asie du Sud-Est.
Pour autant Hanoï n’est pas de marbre face au développement du pays et se transforme, s’agrandit, grignote sur les champs alentours. Plus de 100 gratte-ciels d’au moins un hectomètre ont été construit dans les 15 dernières années alors que ce sont près de 350 000 hectares de champs qui ont été absorbés par la ville pour la seule année 2008… Dans ce contexte, comment se nourrissent les 7.5 millions d’habitants ? Comment réagissent les agriculteurs menacés par cet étalement urbain ? Les autorités ont-elles réussi à intégrer la notion de production alimentaire dans l’historique projet de ville-jardin ?
Voici quelques-unes des questions qui animent nos dernières visites sur l’agriculture urbaine d’Hanoï avant de partir dans le nord pour la mythique boucle d’Ha Giang, les rizières en terrasses et un trek vers le point culminant du VietNam : le Fasipan à 3143m d’altitude.
Initialement prévue à Hong Kong, la dernière étape de collecte données en vue du documentaire se fera finalement à Singapour, cette cité-état se révélant plus dynamique en terme d’agriculture urbaine et de fermes verticales ultra high tech que sa consœur.
Comme toujours, quelques photos en pièce jointe, et une vidéo des français en Indochine spécialement consacrée à nos derniers moments de vélo : https://www.youtube.com/watch?v=zUPZrWM9nHU
Bon été,
A bientôt,
PS : On vous envoi nos températures vietnamiennes pour une semaine… bon courage 🙂